Pour un partenariat stratégique entre l’Union européenne et la Russie

L’Union européenne (UE) s’apprête à réformer ses institutions et son fonctionnement. Il est important que les citoyens des pays membres de l’UE sachent ce que vont impliquer ces réformes, quelles sont les différentes évolutions possibles (Fédération, Confédération d’Etats-Nations...), et quels seront les partenaires de cette Union. En France, les élections présidentielles auront lieu le 21 avril 2002.

La percée inattendue de Jean-Pierre Chevènement dans les sondages a surpris les analystes et bousculé les deux principaux candidats, Jacques Chirac et Lionel Jospin. Chevènement gêne d’autant plus qu’il rassemble des électeurs de droite et de gauche. En novembre dernier vingt-cinq gaullistes historiques, dont des anciens ministres et collaborateurs du général de Gaulle à l’Elysée, ont lancé un appel de soutien à Chevènement. Ce candidat de gauche est paradoxalement le seul qui ait repris l’essentiel de l’héritage du général de Gaulle : 1) Rééquilibrage de nos relations avec notre allié américain ; 2) Soutien aux peuples asservis au sein des instances mondiales ; 3) Indépendance énergétique ; 4) Défense et dissuasion nucléaire ; 5) Rejet de la supranationalité ; 6) Politique de redressement de la natalité. Chevènement est souvent présenté par les médias comme un anti-européen. Ce n’est pas vrai. Il est partisan d’une autre conception de la construction européenne et met en garde contre le déficit démocratique croissant d’instances européennes qui n’ont pas été élues. Il s’est prononcé pour la mise en place d’un partenariat stratégique entre l’UE et la Russie.

L’UE et la Russie ont des intérêts géopolitiques, économiques et culturels complémentaires. L’accord de partenariat et de coopération mis en place entre l’UE et la Russie, entré en vigueur le 1er décembre 1997, est un accord de préférence comme Bruxelles en a établi avec des Etats d’Amérique latine ou d’Afrique. Il est insuffisant. La mise en place d’un partenariat stratégique avec la Russie permettrait à l’Europe de répondre aux grands défis du XXIe siècle : la sécurité et la paix du continent, l’espace et l’énergie. S’il n’est pas possible d’intégrer la Russie au sein de l'UE, nous pourrions en revanche l’associer à la PESC.

L’histoire du monde nous montre que dans la société des hommes, la paix et la guerre se succèdent toujours. La paix est une oeuvre politique, un état toujours à reconstruire, un équilibre à trouver. Un partenariat stratégique UE-Russie favoriserait la mise en place d’une monde multipolaire source de paix et d‘équilibre. Ce monde multipolaire que prônait le général de Gaulle est aujourd’hui souhaité par la Russie, la Chine et l’Inde.

Depuis que les USA sont seuls à exercer une domination mondiale presque totale les guerres se sont multipliées (Irak, Bosnie, Kosovo, Yougoslavie, Somalie, Afghanistan). Dans le domaine spatial, face à l’impasse du projet Galileo, nous pourrions développer avec les Russes des satellites de navigation. Les Américains disent clairement aux Européens qu’ils n’auront pas accès à leur nouveau système de navigation par satellites, or les Russes ont un système (Glonas) et des fréquences. Nous devrions développer un nouveau système avec les Russes proprement européen.

La Russie peut aussi permettre à l’UE de résoudre la question énergétique. Selon les experts, dans les années